Un article proposé par le frère Philippe MRN, juin 2010

Si vous ne connaissez pas les règles du jeu, comment espérez-vous pouvoir jouer ?

MASTER…

Ce mot est un acronyme pour les six étapes de la mémoire. Le but est d'apprendre les pages du rituel.

M

Le M pour Motiver votre esprit.

Si vous faites quelque chose sans motivation réelle, il est fort probable que vous deviez avant de commencer vous préparez à l’échec. Le rituel n'a pas été écrit pour nous confondre et nous torturer, ni pour montrer comment certains frères sont plus intelligents que d'autres, ni comme le moyen de ridiculiser les autres.

Le rituel est un moyen d'enseigner des leçons de morale. D’un homme bon, faire un homme meilleur…

En mémorisant le rituel, nous allons acquérir ces leçons qu’il contient et faire en sorte que cela nous donne les outils de base pour y réfléchir et leur donner corps dans notre propre vie. La compréhension du rituel augmente notre capacité à l’apprendre, a en intégrer les fondements, et vise par-là à une compréhension plus profonde de nous-même.

C’est la connaissance de soi-même… cette connaissance qui doit intéresser le plus.

C'est là l'un des objectifs de notre rituel et cette raison mérite d’être souvent rappelée. Beaucoup de frères reconnaissent qu'après des années en franc-maçonnerie qu’ils apprennent encore beaucoup de celui-ci. Le rituel ne change pas au cours de la vie, ou très peu, et même si certains frères ne sont pas toujours d’accord avec ça, dans la réalité, c’est l’individu qui change et qui apprend à mesure que ses connaissances grandissent. Ces changements s’exercent tout le long de notre vie. Ce processus ne s’arrête jamais.

Parmi les autres raisons d’apprendre le rituel, citons la prise des offices de la loge lors des cérémonies et la participation active à celles-ci. Prendre part et travailler dans le collège  peut être très enrichissant et d’autant plus enrichissant lorsque les frères travaillent ensemble pour atteindre un objectif commun, et faire ainsi de chaque tenue un succès. Une tenue avec un rituel parfait laissera toujours une meilleure impression aux participants et les amènera à mieux réfléchir aux discours qui auront été prononcés.

L’amélioration personnelle au travers de la pratique maçonnique du rituel est également très importante.

Cependant, vous pouvez avoir vos passages préférées, avoir ceux que vous maitrisez le mieux et simplement vous en satisfaire, mais vous stagnerez forcement ensuite en évitant de vous contraindre de relever de nouveaux défis.

Nous sommes, en principe, tous sur le même chemin devant mener à la chaire de Vénérable Maitre. C’est un objectif qui nous est commun et qui peut constituer un défi pour certains et une entreprise effrayante pour d’autres. Mais si vous maitrisez les moyens et techniques pour apprendre le rituel, le défi à relever deviendra plus attrayant et forcement beaucoup moins effrayant. Sans oublier qu'il y a toujours une vie après la chaire.

Alors apprendre le rituel, mais comment s’y prendre ?

Un jeune maître maçon peut déjà envisager d’observer le travail du Garde Intérieur et/ou du Tuileur. Il peut également occuper une petite charge, tout frère expérimenté se doit d’être disponible pour conseiller à ça et répondre aux questions – dès lors qu’elles sont au moins posées –. Plus généralement, pour les officiers dans la filière, ceux-ci doivent au cours de leur année s’astreindre à apprendre le texte du rituel qui concerne leur office. C’est pourquoi il faut tirer pleinement parti des répétitions pour peaufiner le travail en cours et des réunions de la loge d’instruction en vue de mieux préparer la charge de l’année suivante.

Alors en effet, au début, cela peut sembler être une tâche très compliquée et presque inatteignable, surtout si le processus de mémoire n’a toujours pas démarré. À ce stade, avec la motivation de réussir, tout jeune au sens maçonnique qui à l’envie de faire doit avoir soif d'apprendre son rituel et de profiter pleinement de tout ce que celui-ci lui donnera.

S’il ne le fait pas, il doit s’interroger sur les freins qui l’en empêche.

A

Le A pour l’Acquisition de l’information. Premièrement, il faut laisser le rituel pénétrer votre esprit. Il faut savoir que la mémoire à trois façons d’intégrer des informations que l’on lui soumet :

• Le visuel (voir / lire)
• L’auditif (écouter)
• Le Kinesthésique (faire)

Pour tirer le meilleur parti de l’apprentissage de votre rituel, il faut faire les trois.

Il faut déjà commencer par lire le rituel. Il faut le lire en le regardant environ 5 fois. Cela crée une impression visuelle des mots dans l’esprit. Ensuite, il faut écouter les mots et le relire à nouveau 5 fois au moins à haute voix. Il faut écouter le ton de sa propre voix. C’est à ce moment-là que l’on pourra commence à s’adapter et à s’approprier le texte en faisant référence à des modèles d'expression qui nous sont plus familier. Ensuite, on pourra l’écrire ou le taper au clavier. Mais il faut au moins commencer par le lire et à répéter les mots pour marquer son esprit.

A partir du moment où le texte est su, vient alors l'étape qui la plus souvent ratée par les Frères.

Il faut pratiquer dans la loge. Mais il faut être clair et comprendre qu’à ce stade, vous n'êtes pas encore prêt pour une soirée de cérémonie dans la loge, mais peut-être plutôt au sein d’une loge d'instruction. Il ne faut pas s’y tromper, rien dans le rendu du texte ne se passera comme chez-soi.

Où se placer dans la loge, comment maitriser son corps, maitriser ses gestes, commencer à parler ?

Toutes ces questions doivent avoir des réponses claires dans l’esprit de celui que va faire le travail. Il faut s’y être bien préparé avant et tout d’abord s’être assis à un endroit dans la loge qui puisse permettre de se déplacer au bon moment. Il faut avoir bien identifié le moment pour se lever et s’être déjà mentalement projeté à l’endroit où l’on va se placer pour, une fois le moment venu, le faire avec assurance. Il ne faut rien oublier, saluer le Vénérable Maitre, et se positionner calmement face aux frères tout en gardant à l’esprit les quelques premiers mots qui serviront à commencer son propos et dérouler le texte à un rythme lent, calme et régulier.

Pour dérouler un fil, il faut en attraper et en tenir fermement le bout … c’est la même chose

Une fois que ces étapes sont passées, on peut continuer.

S

Le S pour le Sens.

La plupart des rituels reposent sur la description d'événements remarquables. Ils décrivent le plus souvent des faits qui peuvent être facilement identifiés et repositionnées dans l’Histoire. D'autres sont bibliques et peuvent nécessiter une profondeur d'interprétation, d'autres encore sont mythiques et ne peuvent être connus que dans un contexte de la franc-maçonnerie.

Il faut donc prendre le temps de découvrir les choses qui concernent le rituel dans son sens le plus profond et les mettre en regard des symboles qu’ils représentent. Cela aide à se créer des images mentales qui, si on connaît un peu le fond des événements auquel le texte se rapporte, aideront à mieux comprendre le texte en lui-même. Il ne faut pas hésiter à utiliser les bibliothèques et à poser des questions aux frères qui pourront peut-être partager leur connaissance ou leur compréhension avec vous.

C’est aussi ainsi que l’on crée du dialogue et du lien avec les autres… et de la fraternité.

T

Le T pour le Travail de mémoire.

Lors de la présentation du texte du rituel, il est important de s'assurer que la séquence à déclamer soit vraiment maitrisée. Une fois que le présentateur est en place et qu’il est prêt à livrer sa première phrase, celle-ci doit être prête à sortir et l’esprit doit déjà penser à la suivante. Visualiser mentalement le texte sur la page peut aider à ça. Il faut déjà voir le paragraphe à suivre, il faut sentir le ton de sa voix lorsque l’on le prononce afin de pouvoir la préparer et pouvoir dérouler le texte de la manière la plus fluide…

C’est difficile ? Je n’y arriverais pas ? Et pourtant votre esprit fait ça tous les jours, tout le temps … en conduisant par exemple, vous avez le plan de votre voyage à l’esprit et vous le déroulez en conduisant… là c’est pareil !

E

Le E pour l’Expérience. Il faut se mettre en situation, se regarder dans un miroir si besoin et répéter son texte au fur et à mesure que celui-ci est appris. Ligne par ligne, paragraphe par paragraphe et chaque nouvelle ligne apprise entraine la répétition du paragraphe complet, jusqu’à ce que le texte appris soit entier.

Lorsque vous conduisez, lorsque vous pratiquez une activité manuelle, concentrez-vous et répétez votre texte afin d’aiguiser votre esprit à cette technique.

Il faut être confiant et bien avoir conscience que l’objectif fixé est tout à fait atteignable. Il ne faut pas bloquer son esprit mais le laisser libre, ouvert.

Il ne faut pas hésiter à parler de ceci en en loge d’instruction, ni à user de l’expérimentation, librement, simplement. Il faut faire l’expérience des manières de délivrer un travail. Il ne faut pas arriver les mains vides, et l’esprit vide. Il faut proposer des choses, les penser et les préparer pour la tenue d’instruction et en sachant déjà comment faire, en relevant les informations nécessaire qui permettront de se lever au bon moment et de se diriger librement pour se placer au meilleur endroit. Préparer ceci permet de se libérer de la contrainte de placement au dernier moment, bien qu’il faille parfois s’adapter aux changements et à l’imprévu.

Se préparer, c’est déjà penser à faire les choses et donc d’avoir cette première ligne en tête au moment de se lever et de se placer. Il faudra parler calmement et, en même temps, contrôler sa respiration, contrôler son corps, contrôler sa voix, son débit. A partir de là, on peut mieux contrôler son esprit pour déjà préparer la phrase suivante.

La rectitude votre cops est le symbole de la rectitude de votre esprit

Il est important de prendre possession de son corps, de respirer calmement, de calmer son esprit, de se sentir en confiance.

R

Enfin, le R pour Récompense.

Il faut prendre le temps de se rassoir calmement, de revoir le film mental de sa prestation, de prendre du recul.

Le texte at-t-il été bien reçu ? Va-t-il été bien entendu ? Avez-vous senti que vous étiez à l'aise? Qu’avez-vous raté, pas su maitrisé ? Qu'auriez-vous pu faire pour améliorer l'expérience?

Prenez note de ces détails et ajoutez-les à votre plan personnel pour MAÎTRISER le rituel de l'art d'apprendre.

Mais surtout et pour finir ici, prenez du plaisir à le faire.

Philippe MRN – Inspiré par le travail de Bro. Graeme J. Beresford