Rudyard Kipling
30 Mars 2023

Le Serment, ferment et ciment de la maçonnerie

Je dois en avant-propos, prévenir les âmes sensibles du fait qu’il est possible que nous ayons à évoquer des scènes qui pourraient choquer un public non averti !

En fait nous allons être obligés de parler à certains moments de parler de la foi, de la croyance, et donc forcément ceci peut poser quelques problèmes ! Sachez que nous n’aborderons ces thèmes que sous le regard d’une approche historique. Il ne s’agit pas pour moi de vous livrer ce que je pense, ce qui n’intéresse personne et ce que d’ailleurs tout le monde sait très bien, il s’agit d’avoir en tous les cas le regard le plus objectif sur la réalité historique et sur une approche raisonnée de celle-ci.

Nous disposons de plus de 600 ans de sources sur ce sujet et nous allons essayer d’amener quelques éléments de réflexion sur ce sujet.

Je dois posséder quelque chose comme bien plus d’un millier de rituels différents, dont plusieurs centaines qui sont consacrés uniquement à la maçonnerie bleue, c’est-à-dire aux trois premiers grades. Différents rites, différentes manières de pratiquer ces rites, différentes pratiques et puis aussi, six siècles de pratiques différentes.

Quand on regarde avec attention ces rituels, qui bien sur font partie pour certains de grandes familles ici et là, quand on regarde ces rituels, on s’aperçoit, d’une structure globale qui se ressemble toujours un peu. Qui peut différer à l’intérieur de cette structure, mais la structure est toujours un peu la même. Il y a une préparation, puis des voyages, une légende, une histoire, puis un serment, puis la communication des secrets, et des explications !

Alors tout ça peut varier bien évidement, selon le rite, on peut avoir des histoires racontées plus ou moins longuement ! Selon le temps, on peut même ne pas avoir d’histoire de tout ! Dans les premiers rituels il n’y avait pas d’histoire, on passait quasiment directement au serment !

Mais il existe toujours quelque chose qui ne change jamais, c’est le serment comme plaque tournante.

Il y a un avant, et il y a un après ! Il peut se passer plein de chose très différentes avant, il va toujours se passer le fait qu’il y aura un serment et que suite à ce serment les choses ne seront plus les mêmes. Suite à ce serment, le récipiendaire deviendra maçon, avant il n’est pas maçon, il est relevé comme maçon, c’est à partie de ce moment qu’il est maçon !

D’ailleurs c’est assez intéressant, il est maçon avant même d’avoir reçu les secrets qui seront perpétué quelques minutes plus tard, mais il est fait maçon à partir du moment où il a fait ce serment.

Le serment est donc une plaque tournante de l’ensemble de la cérémonie d’initiation mais pas seulement ! Autrefois il n’y avait pas nécessairement de cérémonie pour la maitrise, pour des grades supérieurs. Il y en aura, on reprendra à nouveau des serments et ce sera à nouveau, au moment de ce serment que la transition sera faite ! On deviendra compagnon ou maitre au moment du serment.

C’est au moment du serment, c’est juste après le serment que la lumière est rendue* au candidat !

Harry carr dit que « si il n’y avait qu’une et une seule clé pour ouvrir la porte du métier de la maçonnerie, ce serait le serment du maçon », et c’est vrai que c’est quelque part le serment qui fait le maçon !

Alors pourquoi ce serment a-t-il autant d’importance dans la maçonnerie ?

Le serment existe dans à peu près toutes les corporations et il avait plus ou moins d’importance, mais en maçonnerie le serment avait une importance capitale.

Pourquoi ce serment avait autant d’importance ?

Ce serment a autant d’importance parce qu’il donne la possibilité de protéger le mot du maçon !

Le mot du maçon est quelque chose de capital !

Dans la maçonnerie des premiers temps, si justement je suis le propriétaire du château de Stirling, qui est un bel endroit, et que je veux refaire une tour, il va falloir que je fasse appel à des maçons.

Je vais avoir un maitre d’ouvrage qui va faire appel à des maçons et cela ne va pas être des maçons du coin parce que les travaux risquent de durer plusieurs années et il ne va pas y avoir nécessairement suffisamment de maçons dans le coin pour le faire.

Comment va-t-on savoir que les maçons qui vont arriver ont la qualification nécessaire pour pouvoir entreprendre ce qu’ils ont a entreprendre ?

Et bien à travers du mot du maçon !

Le mot du maçon c’est la possibilité qui est donnée dans un moment où l’on ne possède pas d’écrit, on a pas de diplôme que l’on peut présenter, de toute façon l’autre ne sait pas nécessairement lire en face, et bien ce mot du maçon, c’est le moyen de pouvoir prouver sa qualification et aussi de pouvoir obtenir les gages qui vont avec parce que les gages d’un maçon n’ont absolument rien à voir avec les gages d’un Cowan.

Ceci ne peut être délivré que par le mot du maçon qu’il possède, qu’il est capable de dire, de murmurer, qui va lui faire obtenir les gages auxquels ils prêtent d’un côté, et de l’autre coté qui va garantir à son employeur le fait qu’il a bien les qualifications requises.

Alors effectivement, si nous sommes dans une corporation de boulanger, que le pain soit raté, c’est ennuyeux, mais si on doit construire des édifices qui sont là pour durer et qui durent d’ailleurs aujourd’hui et depuis des siècles, et bien il est capital que celui qui va toucher à tout cela soit qualifié pour le faire !

Il existe deux types de maçonnerie qui sont bien différentes : une maçonnerie de pierres sèches et une maçonnerie de pierres taillées ! Rien à voir ... Rien à voir !

Les maçons dont nous parlons sont des maçons de pierres taillées qui vont donc entreprendre des ouvrages d’un autre type que ceux de la vulgaire maison commune en pierre sèche ! De simples alignements... nous ne sommes pas du tout dans la même mise en place !

Donc, pour obtenir ce mot du maçon, et bien il va falloir prêter serment, et on va prêter serment. Un serment qui va être la garantie que ce mot ne va pas être divulgué. Parce qu’à ce compte-là, cela veut dire que si tout le monde possède ce mot, tout le monde peut prétendre a cette qualification et à ses gages et a se compte là tout le monde est trompé, tout le monde est lésé.

L’employeur, le maitre d’ouvrage parce que à ce compte-là il va employer des gens qui ne sont pas qualifiés et à qui il va donner des gages qu’il ne mérite pas, et puis les autres maçons qui verront se dévaloriser leur savoir-faire et leur métier.

Donc ce mot est préservé. Il est preservé par un serment.

Un serment qui dès le Regius en 1390, pour ne citer que les textes purement maçonniques, parce que nous avons encore d’autres sources par ailleurs, mais dès le regius en 1390 on parle bien d’un serment, et ce serment est d’abord fait au Roi, bien évidement puisque tout est fait sous l’égide du Roi, ensuite de ça à son maitre, c’est-à-dire son employeur et puis au métier.

Ce serment, il est prêté devant Dieu bien évidement et c’est un élément qui est capital.

Pour assurer le fait que nous soyons sur que celui qui va prêter serment va réellement tenir son serment, il ne va pas le faire devant moi, il va le faire devant Dieu.

Si je jure auprès de quelqu’un et qu’il sait que je vais le faire devant Dieu et bien la problématique n’est plus entre lui et moi elle est entre moi et Dieu. Ce qui veut dire que ce n’est plus même l’affaire de la personne devant laquelle je prête serment ! Pas besoin d’écris, pas besoin de quoi que ce soit !

Le simple fait qu’elle m’ait entendue prêter serment devant Dieu, elle sait que je crois en Dieu et surtout je veux préserver mon âme des gémonies.

Et bien ; il ne va plus se poser de question, à partir de là, le sujet tient !

D’ailleurs, l’ensemble de la société médiévale et de la société ancienne tenait sur le serment. Pas seulement le serment maçonnique, mais des serments absolument partout. Il tenait sur le serment et c’est ce qui faisait que l’on était de « bon afides », de bonne foi ! C’est-à-dire que l’on pouvait croire en l’autre, on n’avait pas besoin d’écrit parce que l’on pouvait avoir confiance dans le serment qui était prêté !

Aujourd’hui nous ne sommes pas dans la même mise en place et bien, il vaut mieux avoir des légions d’avocats pour pouvoir faire valoir son droit et donc signer des écrits, signer signer signer des écrits qui seront remis en cause derrière ... A cette époque pas besoin d’écrit, si tu ne tiens pas ton serment, ce sera devant Dieu et ce sera ton problème par la suite...

Pour en revenir donc à ce moment du serment nous avons donc dans toute cette partie médiévale jusque l’avant Grande Loge on va dire, on prête son serment pour se voir délivrer les mots du maçon.

Et c’est très intéressant de voir que jusqu’au manuscrit d’Edimbourg, jusqu’au Sloane, c’est-à-dire le manuscrit des archives d’Edimbourg c’est 1696 et le Sloane c’est environ 1700, on est juste avant la Grande Loge, on est encore dans une dimension un peu opérative, même si on a déjà parlé de tout ça, enfin bref... on n’est pas encore dans la mise en place de Grande Loge ! Et bien dans les textes, je vais vous citer le texte du manuscrit des archives d’Edimbourg 1696 « Me voici, moi le plus jeune et dernier apprenti entré, puisque je jure par Dieu et Saint Jean, par l’équerre et le compas, et la jauge commune, d’être au service de mon maitre, à l’honorable loge du lundi matin au samedi soir, et d’en garder les clés sous peine qui ne peut être moindre que d’avoir la langue coupée sous le menton et d’être enterré sous le rivage qui recouvre la mer sans aucune trace pour quiconque. Alors il fait de nouveau le signe en retirant la main sous le menton près de la gorge ce qui montre qu’il l’aura tranché s’il viole la parole. Alors tous les maçons présents se murmurent entre eux le mot, en commençant par le plus jeune jusqu’à ce qu’il parvienne aux maitres maçons qui donne le mot à l’apprenti entré ».

Il s’agit bien de mot ! On prête serment, on a un mot ! D’ailleurs selon une mise en place assez étonnante que l’on retrouve dans des rituels au Français où on fait remonter le mot de cette manière.

Après la Grande Loge, si on regarde les rituels qui viennent juste après 1717 : 1726, manuscrit Grahamm, Pritchard en 1730, et bien on ne parle plus de mots ! On parle des secrets du maçon !

On est passé dans un autre univers ... dans une autre mise en place !

On va conserver la même obligation de serment. Je vous lis ce qui se trouve dans le manuscrit Grahamm de 1726, donc après le remaniement « Désagulien » pourrait-on dire ! « Qu’avez-vous juré ? De garder et cacher nos secrets ! Quels autres points comprenait votre serment ? Le second était d’obéir à Dieu et toutes les équerres véritables faites ou envoyées par un Frère ! Le troisième est de ne jamais voler la moindre chose car j’offenserais Dieu et je couvrirais l’équerre de honte. Le quatrième, écoutez bien car cela est quand même intéressant, était de ne jamais commettre l’adultère avec la femme d’un frère, ni de dire à un frère un mensonge délibéré. Le cinquième était de ne jamais souhaiter une vengeance injuste d’un frère, mais de l’aimer et de le secourir lorsque c’est en mon pouvoir sans trop compromettre mes intérêts !

En tous les cas ce qui est intéressant, outre le fait de ne jamais commettre l’adultère avec la femme d’un frère, c’est que nous sommes passés du mot du maçon aux secrets du maçon.

Effectivement, nous ne sommes plus dans une dimension tout a fait opérative. En effet, suite à ce que j’appelle le remaniement « Désagulien », opéré par Désagulier, pas par Anderson ! Combien de fois je vois ici et là l’apport de James Anderson... Non ! C’est l’apport de Jean Théophile Desaguliers, c’est lui qui est derrière James Anderson. Bref ...

Alors sur quoi prête-t-on ce serment ? Et bien on prête ce serment jusque la fin du 18e ou au début du 19e siècle sur l’Evangile ou sur la Bible ! C’est très clair, c’est dit de manière très claire !

Il faudra attendre à partir de 1801, quelques modifications dans le régulateur du maçon « je jure et promets... » en France bien sûr, «  je jure et promet sur les statuts généraux de l’Ordre et sur ce glaive symbole de l’honneur ... », on ne prête plus sur la Bible ! 1801 ... Mais, on prête serment devant le Grand Architecte de l’Univers qui est Dieu !

Ce qui montre bien qu’en fait ce n’est pas très important sur quoi on va prêter serment, ce qui est important c’est que l’on prête serment sur ce que l’on croit, c’est ce pas ! Sous le regard du Grand Architecte de l’Univers, c’est ça qui est important !

D’ailleurs en 1813, la « réforme » de déchristianisation de Sussex sur les rituels va amener à ce que l’on ne va plus prêter son serment, en Angleterre cette fois ci et dans les pays anglo saxons, on ne va plus prêter son serment sur la Bible mais comme on va déchristianiser tout ça, et bien on aura le choix, et je l’ai raconté plusieurs fois, nous sommes dans l’Empire britannique, et donc on va pouvoir prêter son serment sur le Coran, quelques textes sacré que cela soit, ce qui est important, c’est que l’on croit dans ce que l’on est en train de faire, sous le regard du Grand Architecte de l’Univers qui est Dieu !

Pour faire un petit aparté, et pour montrer l’importance de ce serment puisque nous sommes en 1813 au moment où on a déchristianisé, c’est se rappeler comment s’est passé cette réconciliation entre cette Grande Loge des Moderns et cette Grande Loge des Antients qui sortent de 60 ans de conflits des uns envers les autres ! Et bien on va mettre les représentants de la Grande Loge des Antients d’un côté, les représentants de la Grande Loge des Moderns de l’autre, et on va demander aux représentant de la Grande Loge des Antients de prêter le serment que prêtaient les Moderns et on va ensuite demander aux représentant de la Grande Loge des Moderns de prêter le serment des Antients. Ce qui fait que les uns auront prêté le serment des autres, et les autres, celui des uns !

Et l’essentiel de la cérémonie de réconciliation qu’il y a eu entre ces deux grandes loges rivales et bien cela a été fait sur une prestation de serments croisés.

Pour montrer encore à quel point le serment est la base de cet édifice, et cela a été même encore plus loin, dans la mesure ou dans les loges ensuite a été demandé dans les loges des Antients soit prêté le serment des Moderns et dans les loges des Moderns soit prêté le serment des Antients, de façon à ce que chacun ai prêté les serments de l’autre afin qu’il y ai une unité totale. On n’a pas fait repasser des cérémonies, le serment suffit !

Le serment c’est ... tout est dans le serment ! Si on doit enlever des choses autour, il n’y a plus que le serment qui reste et qui est le plus important.

Alors je dois aborder maintenant deux moments difficiles ...

Le premier moment difficile se passe en France en 1877 et consiste dans le fait que l’on va modifier un article, le premier des Règlement Généraux du Grand Orient de France de 1849... on va modifier cet article ! L’article des Règlements Généraux du Grand Orient de France de 1849 est «  La Franc Maçonnerie, institution est essentiellement philanthropique, philosophique et progressive a pour base l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme ».

Le pasteur, parce que c’est un pasteur de de l’église réformé Frederic Desmons va proposer une nouvelle formulation et va être adopté en remplacement de l’article que je viens de vous citer le texte suivant : « La Franc Maçonnerie, institution est essentiellement philanthropique, philosophique et progressive a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale universelle, des sciences et des arts et l'exercice de la bienfaisance. Elle a pour principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle n'exclut personne pour ses croyances. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité. »

Par ailleurs, on a donc supprimé une obligation, on a supprimé l’existence de Dieu et celle de l’immortalité de l’âme !

Par ailleurs, dans les textes, dans les rituels, nous allons conserver le Grand Architecte de l’Univers !

Il faudra attendre 10 ans pour que le Grand Architecte de l’Univers soit optionnellement, optionnellement ôté des rituels ! C’est-à-dire que l’on a plus l’obligation de mettre le Grand Architecte de l’Univers, mais pendant 10 ans, il a continué à être présent !

Cela nous fait poser une question ! On a ôté, voilà le changement que l’on a fait, mais on a quand même gardé pendant 10 ans le Grand Architecte de l’Univers et pourtant immédiatement après dans les mois qui ont suivi, la Grande Loge Unie d’Angleterre dit « Stop, pour nous cela n’est plus de la maçonnerie ! ». Alors qu’il y a toujours le Grand Architecte de l’Univers...

La Grande Loge Unie d’Angleterre n’a pas attendue que l’on ait ôté le Grand Architecte de l’Univers des rituels pour suspendre sa reconnaissance et tout lien et rapports avec le Grand Orient de France !

Pourquoi ?

Et bien parce que l’on a ôté un élément capital, il faut bien savoir que le Grand Architecte de l’Univers est à ce moment surtout en 1877, nous sommes bien avec un Grand Architecte de l’Univers « undenominational », c’est-à-dire sans dénomination ! On y met ce que l’on veut dedans ...

Mais il se passe quelque chose de capital, on a enlevé une chose de capital, qui est l’immortalité de l’âme ! Et l’immortalité de l’âme cela veut dire quoi ? Cela veut dire que plus aucun serment ne peut être valable aux yeux de la Grande Loge Unie d’Angleterre !

Pourquoi ?

Parce que quand on porte un serment, on le porte devant Dieu, ou devant le Grand Architecte de l’Univers, devant l’instance « extra humaine », dans laquelle on croit et le non-respect de cet engagement impactera votre âme au futur. Et c’est ça qui est important !

Du moment où il n’y a plus l’assurance que votre âme ne sera plus impacté par le fait que votre âme ne sera plus impacté par votre serment, et bien tout ça revient à être simplement un agrément sur l’honneur, sur l’humain, sur soi-même, et à partir de là, moi je n’ai plus si on porte simplement son serment sur l’honneur, et bien moi je ne suis pas sûr de l’honneur de l’autre, donc je ne peux pas croire dans son serment. Donc à partir de là le serment n’est plus valide !

Il ne peut y avoir, pour la Grande Loge Unie d’Angleterre, de serments valables que du moment où il y une croyance dans l’immortalité de l’âme ! Quelle que soit la religion !

A partir de là on peut avoir la vision que l’on veut du Grand Architecte de l’Univers du moment où on a, et techniquement on peut comprendre cette mise en place là, parce qu’effectivement prendre un serment sans en assumer les conséquences, et bien cela ne donne pas de garantie par rapport à celui avec lequel on a prêté ce serment.

Voilà donc, ceci pour dire que il n’est pas de mon objet de donner quelque... chacun pensera ce qu’il veut... je n’ai fait que donner des faits, des éléments probants, historiques, et ensuite de ça techniques, mais c’est un sujet de réflexion qu’il faut avoir et dont on ne peut pas faire l’économie lorsqu’il s’agit de prêter serment !

Chacun en pensera ce qu’il veut mais du moment où on touche à ce qui est le cœur, la plaque tournante, de ce qui va faire qu’un maçon est un maçon, qu’il va rentrer dans une communauté et qu’il s’est engagé pour cela, et bien c’est une question que l’on peut se poser.

Alors malheureusement, pour des raisons d’ailleurs qui ne sont pas maçonniques, comme souvent, deux grandes puissance on va dire se sont un peu affrontées là-dessus. Parce que tout cela s’est passé très différemment dans des pays comme l’Allemagne par exemple, ils sont beaucoup plus consensuels. Quand on va en Allemagne, l’Allemagne a une Fédération de Grandes Loges et il y a parmi des loges Allemandes qui sont..., le Grand Architecte de l’Univers, il ne passe qu’une fois par an peut-être, mais pas plus ... mais on est arrivé à garder quand même une unité.

Là, pour des raisons qui sont des raisons extra maçonniques de 2 puissances qui s’affrontent, et bien cela fait une grande ligne de fracture et chacun est parti dans son coin et s’est raidi... d’ailleurs Desmons, son propos n’était pas d’enlever Dieu de tout ça ! Il le dit après, ce n’était pas son propos ! Mais petit à petit, il y a eu des raidissements qui se sont fait et cela a éclaté ! Et nous le vivons toujours aujourd’hui, encore, un siècle et demi après nous vivons toujours sous les miasmes que nous a apporté tout cela, et pas seulement nous mais le monde entier y vis parce qu’il y a toujours une maçonnerie pseudo libérale et une maçonnerie pseudo traditionnelle qui s’affrontent et c’est bien dommage parce qu’aujourd’hui on a perdu une certaine unité et je pense qu’il faudrait sans doute plutôt que d’avoir une réflexion sur les formes avoir une réflexion sur le fond qui me semble importante.

On ne peut pas passer sous silence non plus un deuxième évènement important, un deuxième moment difficile qui s’est produit en 1964, cette fois ci en Angleterre.

En 1964, les anglais ont déplacé les châtiments de l’obligation du serment.

Dans les années 60, il y a eu... juste avant-guerre, et même juste un peu après-guerre, la maçonnerie était vraiment... on avait l’habitude de dire qu’il y avait 3 piliers en Angleterre : la royauté, l’anglicanisme et la maçonnerie ! La maçonnerie était vraiment un élément que personne n’aurait pensé remettre en cause. Mais l’arrivée en Angleterre des Travaillistes, entre autres, ils ont voulu bousculer l’establishment et le plus simple là-dedans était de remuer un peu la maçonnerie.

Et donc, a été critiqué le fait que ont demandais sans les avoir prévenu, a des gens, de prêter un serment où on leur promettait de leur couper la gorge, puis après de leur couper ce que l’on veut, etc... et qui était quelque chose d’inacceptable !

Il y a eu d’énormes pressions !

D’énormes pressions qui sont passées jusque la Couronne d’Angleterre et il y a eu ce que l’on pourrait dire un moment de faiblesse.

Il y a eu beaucoup de discussions là-dessus ! Le nombre d’article paru et que l’on trouve sur faut-il ou pas déplacer les châtiments du ... mais c’était joué d’avance !

Il a fallu donner une espèce de gage à la société anglaise de ce moment et on a décidé de prendre ces châtiments et puis de les mettre à la fin de la cérémonie, et c’est grave !

C’est grave parce que ces châtiments, mais je ne veux pas empiéter sur le travail de notre frère Philippe, donc je ne m’étendrais pas sur les châtiments, mais ces châtiments sont simplement la manière de réitérer le serment qui est porté ! C’est tout simple, ils n’ont pas d’autres..., si nous faisons notre signe c’est pour évoquer le châtiment et donc reprendre notre serment.

Le serment « sacramentum » cela veut dire sacré ! Le serment, prêter un serment, c’est entrer dans un espace sacré ! A chaque fois que nous ouvrons les travaux, le fait que nous fassions le signe rappelle publiquement que nous avons prêté ensemble un serment, et fait que nous repretons ce serment à nouveau, et fait que nous entrons, que nous créons un espace sacré.

Quand on est dans un tribunal, même aujourd’hui encore d’ailleurs, et que l’on prête serment, ce qui va être dit, à partir du moment où on a prêté serment ; que l’on l’ai prêté sur son honneur, sur la Bible ou sur n’importe quoi, on rentre dans un autre espace, c’est-à-dire que ce qui va être dit ça compte double ! On ne peut plus mentir là ! Si on ment, et bien on pourra venir contre vous et vous mettre en prison parce que vous avez menti !

Si vous mentez à quelqu’un dans la rue comme ça, ça peut ne pas avoir de conséquence. Mais si vous le faite sous serment vous pouvez aller en prison. On ouvre à partir du moment où on est sous serment un espace de type sacré et dans la vie civile, il est quand même sacré !

Et bien lorsque nous faisons notre signe nous ouvrons un espace sacré et lorsqu’à la clôture des travaux, lorsque nous refaisons ce signe à nouveau, nous refermons cet espace sacré.

Je pense que ce sont des choses que l’on ne nous dit pas assez, je pense parce que justement nous ne prenons le temps d’étudier l’essence même de ce que nous sommes en train de faire, nous ne nous rendons pas compte de ce que sommes en train de faire et cette dimension elle est capitale.

Donc le fait que les anglais aient déplacé cela cause un vrai problème, cela cause un vrai problème et cela causera à terme un vrai problème, c’est-à-dire que l’on va se rendre de moins en moins compte de ce que l’on est en train de faire !

Déjà aujourd’hui avec des serments qui sont..., le nombre de frères qui ne se rendent pas compte que le serment est en fait le rappel des châtiments qui leur sont donnés et qui ne voient pas le rapport nécessaire qu’il y a avec le serment qu’ils ont prêté. La plupart des frères ne sont pas conscient de ça, on n’a peut-être pas assez insisté sur ce sujet, mais si on prend les châtiments et que l’on les éloigne encore, cela n’arrange rien. Et cela fait que petit à petit tout cela se dilue doucement et disons que cela fait, que c’est dommage.

Cette dimension de sacré, je le répète, elle est capitale. Parce qu’autrement, ce que nous sommes en train de faire, ce ne sont que des simagrées ! Si on fait des trucs comme ça, si on s’habille avec des trucs, etc... ça n’a pas plus de ...

Cette dimension sacrée que nous créons ensemble, à travers  un serment que nous avons fait ensemble, c’est ce qui nous distingue du club de belote ou d’un club d’affaire ou simplement de loisir. C’est grâce à ce serment que nous pouvons être dans une autre vision de la réalité, et c’est amusant parce que lorsque nous étions en train de nous préparer pour l’entrée en cortège, je disais « le premier qui sais qui est le pape me le dit » et là le frère Antonio me dit « non, là on va rentrer en tenue, là on quitte le monde, alors on ne peut pas être dans le monde »... et il avait raison !

Il avait raison ! Parce que c’est bien de ça dont il s’agit, mais si nous voulons préserver tout cela, il faut que nous sachions ce que sommes en train de faire. C’est ça qui est important !

De la même manière, tout ce que je suis en train de vous dire, les recherches et les travaux que nous sommes en train de faire n’ont d’intérêt que pour cela, cela n’a d’intérêt pour mieux comprendre ce que sommes en train de faire et pouvoir continuer à le transmettre. Mieux le comprendre à le transmettre. Cela n’a aucun intérêt comme simple signe d’érudition

La seule chose qui m’intéresse dans le petit travail que je viens de présenter ici, c’est que chacun soit bien conscient de la responsabilité qu’il a ! Du fait qu’à un moment donné, nous avons la capacité à pouvoir ouvrir un espace sacré, que l’on nous remet le mot du maçon, pour pouvoir avoir la possibilité de prendre la responsabilité de construire des édifices et que tout cela a une nécessité de responsabilité, exactement comme le maçon est responsable du fait que son mur va être droit et qu’il ne va pas tomber et que les gens qui sont a l’intérieur ne vont pas recevoir la maison sur la tête.

Et bien si nous disons que nous avons rendu spéculatif tout cela, et bien il faut l’appliquer, ou alors il faut faire autre chose que de la maçonnerie !

Voilà, je voulais insister sur cette responsabilité que nous avons à travers le serment que nous prêtons et l’importance qu’il peut avoir, et nous avons à de multiples reprise l’occasion de pouvoir repreter ce serment et surtout à chaque fois que nous faisons le signe, nous avons l’occasion de nous remémorer le serment que nous avons prêté et l’espace sacré dans lequel nous voulons entrer.

Ce qui veut dire que si nous acceptons de prêter ce serment, si nous acceptons de faire ce signe, pour réitérer ce serment à nouveau, si nous acceptons d’évoluer dans un espace sacré, et bien il faut en être digne et en être responsable.

 

Conférence donnée par Philippe R. lors de la tenue de la Rudyard Kipling Lodge le 13 mar. 2013